Les Arts Martiaux en Protection Rapprochée

Les arts martiaux et l’arme à feu sont un peu les images d’Epinal de la Protection Rapprochée. Pourtant, l’art du combat tel qu’il est pratiqué aujourd’hui est bien loin d’être pertinent.

Les Arts Martiaux ont pour origine la nuit des temps. Les hommes se sont toujours opposés les uns aux autres. Ils développèrent pour cela des techniques de combats adaptées. Certaines de ces techniques se focalisèrent sur le combat à mains nues, mais ce ne fut pas toujours le cas. Le but étant d’avoir le dessus, les arts du combat se sont concentrés pour l’essentiel sur l’art des armes. La loi était celle du champ de bataille et le but était de vaincre l’adversaire, bien sûr. Mais aussi et avant tout, c’était de pouvoir se protéger.

En effet, les armes comptaient pour l’essentiel des lames (arc, arbalète, lance, pique, hallebarde et sabre). Un simple coup pouvait tuer ou invalider à vie un combattant. Pour la petite histoire, certains Bushi se posaient des pré-garrots sur les membres supérieurs et inférieurs avant le combat. Ainsi, ils pouvaient continuer à se battre, même avec un membre partiellement ou complètement tranché. L’Art du combat a, pour cette raison et de façon invariante, considérablement développé l’art de la protection.

Les écoles de combats armées les plus célèbres parmi les arts martiaux furent sans nul doute les écoles japonaises. Elles étaient issues pour la plupart des castes guerrières, donc élitistes et militaires. En tant que tel, l’art du sabre, principalement, fut poussé à l’extrême en raffinement et efficacité. Cela fut tant dans la fabrication du sabre que dans son maniement. On dit d’ailleurs que le Japon « s’est construit au travers du sabre ».

Au Japon

L’art du combat à main nue fut développé au Japon en tant qu’art mineur et en tant qu’art de combat de substitution en cas de désarmement. L’esprit de l’art du combat à main nue était donc toujours de se préserver d’un coup mortel ou invalidant, avant de se préoccuper de mettre hors d’état de nuire son adversaire. Durant la période Edo, le Japon connut trois siècles de paix relative. Bien que les duels fussent toujours autorisés, l’intérêt pour l’art de la guerre commença à décliner. A partir de 1884, l’ère Meiji – Meiji Jidai ou « Gouvernement Eclairé » marqua le début d’une réforme en profondeur de la société nippone. La loi Shogunale fut abolie et fit place à la loi moderne. Elle mit en place une armée de conscrits (armée régulière issue de toutes les classes sociales).

Dès lors, les arts martiaux et arts du combat à main nues, tels que le Ju Jutsu de Jigoro Kano Sensei dès 1901, se développèrent dans un esprit un peu différent. Il n’était plus question de vie ou de mort sur un champ de bataille. La raison d’être des écoles de combat étaient dès lors, pour les anciens Maîtres, un moyen de se reclasser. Il était question de survivre dans une société japonaise qui avait connu une profonde mutation. L’esprit du combat fut développé au travers du combat contre soi-même. Ce fut une sorte de sublimation du combat contre l’autre. C’est la raison pour laquelle le suffixe Dō ou « Voie » dans un sens spirituel, fut rajouté à la dénomination de chaque Art Martial japonais : Ju Jutsu = Judō, Ken Jutsu = Kendō,  etc.

L’art du combat chinois

Il fut parmi le premier des arts martiaux. Il se développa selon des tendances religieuses, bouddhistes et taôistes. Mais contrairement à l’art japonais, il s’épanouit principalement dans le milieu populaire. C’est la raison pour laquelle, bien que cela reste relatif, l’art du combat à main nue s’est répandu beaucoup plus que celui des armes. Il comprenait néanmoins l’enseignement de certaines armes tels la hallebarde, la lance, la lance brisée qui se transformait alors en bâton, le couteau ou les couteaux papillons tel qu’on le trouve en Wing Chun, le nunchaku à 3 branches, etc…

L’art chinois intégrait également une dimension interne qui permettait de fortifier et d’améliorer la santé. En effet, la force se construit sur un corps en bonne santé. Cela semble être un principe évident. Mais il était toujours bien question de pouvoir défendre son territoire ou le temple. La protection dans le combat était là aussi une préoccupation majeure.

A la fin du 17ème, le Grand Temple de Shaolin fut saccagé par les Mandchous. Les Qing (Mandchous) ne pouvaient tolérer la coexistence avec un groupe de moines combattants d’origine Ming (Chinois). Ceux-ci étaient en effet capables de lever et de former une armée qui pourrait combattre contre le pouvoir dominant. Les 5 Ancêtres, dont la fondatrice du célébrissime Wing Chun, furent seuls survivant d’environ 500 moines massacrés. Ils s’exilèrent et disséminèrent les arts martiaux partout en Chine à partir de la fin du 18ème siècle. Par ricochet, très tardivement, les arts martiaux chinois arrivèrent au début du 20ème siècle sur le reste de la planète et surtout en Occident. L’essentiel de ces arts martiaux chinois, synthétisés avec ou sans les arts locaux, donnèrent des filiations que l’on appelle les arts modernes à l’opposé des écoles anciennes (Ko Ryū en japonais).

Le combat moderne

Cette petite rétrospective permet de comprendre l’art du combat traditionnel par opposition au combat moderne. L’art traditionnel était construit sur une échéance vitale, et donc privilégiait la protection du combattant.

Lorsque les arts sino-japonais arrivèrent sur le reste de la planète, le contexte était bien différent. Tout d’abord, le perfectionnement de l’arme à feu occidentale (dont le berceau est pourtant chinois) détrônait l’intérêt du développement de l’art du combat à main nue. Il valait mieux avoir une seconde arme sur soit, que d’investir une très longue période de la vie à apprendre les arts martiaux. Et puis, les enjeux n’étaient plus les mêmes. C’est la révolution industrielle qui marqua le début du 19ème siècle. C’est à cette date que les arts sino-japonais débarquèrent en Occident. Ce fut tout d’abord en 1897 en Europe, en Angleterre et en France via le Ju Jutsu qui devint au début du 20ème le Judō . L’art de la guerre était d’une autre époque…

Les sports de combat

Aussi, ces arts de combat furent développés dans un tout autre contexte. Ce fut le monde du sport, de la compétition et du spectacle. En tant que tel, il fallait montrer aux spectateurs (littéralement « ceux qui regardent ») des choses visibles. L’art de se protéger ne fit plus du tout l’affaire des organisateurs d’événements. On rentra alors dans la logique du cirque romain : des combattants qui se font blesser et du sang qui coule sont le cœur du spectacle, alors que deux combattants qui se battent sans se toucher est très vite fatiguant à regarder pour des non affranchis.

Lorsqu’on regarde à la TV aujourd’hui des boxeurs, toutes tendances modernes confondues, on ne distingue pas, à la fin du combat, qui est le vainqueur et qui est le vaincu, sauf quand il y a un KO. Les coups ont été reçus d’un côté comme de l’autre …. La quantité de sang versée est souvent la même, et le vainqueur est bien souvent celui qui sait encaisser le mieux les coups, ou celui qui est le plus puissant. C’est la loi du spectacle, mais nous sommes bien loin de celle des champs de bataille où il importait bien plus de se protéger.

Dans la protection rapprochée

L’art du combat traditionnel reprend tout son sens. Nous sommes dans un contexte de combat dont les enjeux ne sont plus de l’ordre du sport ou du spectacle. Et bien souvent, la législation moderne ne nous permet pas de porter des armes. Dès lors, les arts martiaux traditionnels deviennent tout à fait pertinents. Il est essentiel d’être en mesure, lors d’un affrontement, d’assurer une bonne protection de soi-même. En effet, on ne peut se permettre de prendre un mauvais coup ou un coup fatal avec son VIP derrière soi. La puissance de la boxe sur un ring est dépassée, au même titre qu’il est déplacé de penser qu’on assure une bonne protection si l’on est armé. On trouve toujours plus fort que soit, et une protection efficace ne peut pas être fondée sur la loi de la force.

APR DE FRANCE propose à ses stagiaires dans nos « modules ouverts » une initiation à l’art du Tai Ki Ken, art martial japonais traditionnel, mais d’origine chinoise, qui permet de pouvoir gérer un affrontement, même à un âge avancé. Le fondateur de notre école, Kenichi Sawai Sensei, combattait encore à l’âge de 78 ans, sept ans avant sa mort à 85 ans.

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– Publié le 1er Juin 2016

Ecole Européenne de Protection Rapprochée, centre de formation d’excellence de garde du corps

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2018-10-06T23:39:03+00:00juin 1st, 2016|Articles|0 Comments

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