Combat martial et origine des qinna.

Le combat martial et l’origine des qinna. Le combat fut, aux origines, martial. Il relevait de l’art de la guerre. Sa pratique avait pour objectif de rester en vie sur un champ de guerre et préserver au mieux son intégrité. Lorsque les arts martiaux d’Orient arrivèrent en Occident autour du 18ième siècle, la problématique de la guerre n’existait plus. Elle avait été réglée d’une autre façon (armes à feu). Aussi, les arts de la guerre sino-japonais à mains nues ou avec armes blanches prirent naturellement la direction du sport, à des fins de santé ou de spectacle. La plupart des formes de boxes qu’ils inspirèrent finirent sur un ring entouré de spectateurs (du latin specto : je regarde). Pour preuve, il est assez rare aujourd’hui de pouvoir s’inscrire dans un club « d’arts martiaux » et de ne pas avoir accès à la compétition-spectacle.

De fait, toutes les techniques mortelles ou dangereuses furent interdites via les règlements et supprimées de la pratique. Le spectateur fut alors en mesure de se repaître du combat, de voir des coups échangés, de voir du sang…. Il est bien moins intéressant pour le spectateur non averti de regarder un combat de kendo. Dans ce cas les 2 protagonistes peuvent rester apparemment immobiles de longues minutes avant l’assaut. C’est ainsi que l’art martial vendit son âme au business.

Ce qui se nomma dès lors « sport de combat » évolua vers différentes formes de sparing

…une sorte de face à face ludique où des techniques de combat sont échangées. Les protagonistes s’affrontent un peu à tour de rôle. Lun d’eux finira par tomber pour le plus grand bonheur des spectateurs. Mais si l’on revient un peu en arrière, quel professeur de combat enseignerait une telle façon de mener le combat sur un champ de guerre ?… Ce serait suicidaire !

Au 21ieme siècle, le combat martial a presque totalement disparu en France. Presque… car il y a encore des gens qui utilisent le combat martial dans le même esprit que celui des champs de guerre d’antan. Ce sont les personnes qui doivent se défendre, ou défendre un tiers.  Nous y trouvons les agents des forces de l’ordre de l’Institution et certains militaires, la plupart du temps armés. Puis, une seconde catégorie de gens, en général non armés : les agents de sécurité privée (dont les gardes du corps) et les personnes qui pratiquent au sein d’un club de self-défense afin d’assurer leur auto-défense en cas d’agression.

Malheureusement, beaucoup d’entre eux pratiquent un sport de combat et non le combat lui-même. Cela n’est donc pas adaptée à leur besoin de se défendre contre une réelle agression. A titre d’exemple, on trouve dans ces pratiques non adaptées de self-défense, les arm-locks (clefs) et étranglements (que l’on regroupe sous le terme chinois de qinna, se prononce « tsinn na »). Certaines disciplines en ont fait leur spécialité. Elles cultivent l’idée complaisante que ces techniques sans parade possible peuvent mettre fin au combat sans utiliser de force ou de percussions, neutraliser l’adversaire sans le blesser.

Les clefs et étranglement sont des techniques empruntées à l’art du combat.

Les qinna sont des techniques qui étaient utilisées originellement précisément après une ou plusieurs percussions. A leur arrivée en occident, elles furent dissociées du combat et enseignées seules dans certains clubs de self-défense par des gens souvent issus de la police ou de la gendarmerie, où elles sont pertinentes.

En effet, lorsqu’un agent des forces de l’ordre intervient physiquement sur une personne, cette personne assez souvent ne cherche pas à se défendre (il a un représentant de la force publique en face d’elle). Aussi, le policier ou le gendarme a le temps de rentrer la clef qu’il souhaite. Il n’y a pas de nécessité de rentrer dans le combat. Ces techniques sont également utilisées lorsque plusieurs agents des forces de l’ordre interviennent sur une personne (en triangulation par exemple). La personne est plaquée au sol. Un des agents a alors le temps de l’immobiliser avec une clef de bras (à mains nues ou avec tonfa). Sur certaines personnes dont les réflexes et l’agressivité ont été amoindris par l’alcool ou par certaines drogues (au cas par cas), il est également possible de placer des clefs ou des étranglements assez facilement. L’expérience du terrain le démontre.

Mais qu’en est-il d’un adversaire alerte, dans toutes ses dispositions pour combattre ? Un adversaire avec un gabarit égal ou supérieur au nôtre ?… Dès lors, les qinna deviennent particulièrement difficiles voire impossibles à utiliser sans combattre. Seules deux catégories de gens entretiennent ce mythe : ceux qui n’ont pas l’expérience du combat, et les business men.

Dans le cas d’une agression, il faut pouvoir revenir à l’esprit du combat tel qu’il se pratiquait sur les champs de guerre, et abandonner l’art du spectacle et les rêves de pouvoir neutraliser un adversaire vaillant avec une simple clef.

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– Publié par EEPR (Yannick CAYET et l’aimable participation d’Olivier), le 18 Octobre 2017

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2018-10-05T18:05:06+00:00octobre 26th, 2017|Articles|0 Comments

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