Le profilage prédictif : comment prévoir et anticiper la malveillance humaine ?
C’est un vaste sujet, un challenge ambitieux et nouveau. Comment détecter un passage à l’acte imminent avec le profilage prédictif, alors que la malveillance peut apparaître sous de multiples formes ?
Il convient tout d’abord de définir la nature intrinsèque du « mal » dont on il est question. Dans les grands axes, nous trouvons d’un côté l’agression, de l’autre, la prédation. Au-delà de la rhétorique, cette première différenciation est capitale pour comprendre la nature de la malveillance, et pouvoir ensuite l’anticiper.
L’agression est avant tout un acte social.
Elle permet, originellement, d’assurer à une population l’occupation optimale de son espace sur un territoire donné. Aisni, chaque individu est en mesure d’avoir les ressources nécessaires en abri et en nourriture pour garantir la survie de l’espèce. Elle permet également d’assurer une reproduction homogène entre individus suffisamment différenciés.
L’agression n’a donc pas pour vocation de blesser ou de tuer. Les blessures ne sont que des conséquences. L’agression est avant tout un processus de résilience de l’espèce. De fait, l’agresseur est inhibé dans un conflit face à son semblable. Cela limite les dommages qu’il pourrait infliger à un potentiel relai pour son espèce. C’est ce que l’on appelle l’inhibition spécieuse ou spécifique. Cette inhibition génétique est inscrite dans le cerveau reptilien depuis près de 400 millions d’années. Elle se manifeste par l’expression de rites d’interaction préliminaires (rites de combats, de domination, de territoire…). Ceux-ci tendent à extraire les protagonistes du choix COMBAT ou FUITE.
Le rite d’interaction est donc un compromis dans une rivalité, une porte ouverte sur la gestion du conflit. Bien entendu, il faut être en mesure de pouvoir décrypter les messages meta-verbaux afférents. Cela concerne la détection du rituel lui-même, mais aussi détection d’une agression imminente au travers du dit et du non-dit.
La prédation, quant à elle, est d’une toute autre nature.
C’est un acte a-social qui menace un individu, une population ou une espèce. Le prédateur ne se soucie pas plus de sa proie que vous ne ressentirez de compassion en ouvrant votre frigidaire pour y picorer un cadavre de poulet. C’est un trait fondamental qui permettra de reconnaître le prédateur : son degré d’empathie.
Dans les travaux que Stéphane Bourgoin a consacrés au sujet, il apparaît très clairement, tout au long du processus de prédation, une déshumanisation ou réification (« chosification ») de la proie. Celle-ci passe du statut d’être humain au statut d’animal ou d’objet. C’est ce que l’on retrouve en toile de fond lorsque Pinocchio, petit garçon qui se fourvoie dans tels ou tels mauvais comportements. Il se change en animal. Dès lors, les deux compères qui l’ont capturé vont pouvoir l’exploiter comme une bête.
L’inhibition spécieuse est ainsi contournée. Elle laisse libre court aux atrocités les plus malsaines qu’en tant qu’être humain, on ne peut comprendre. La tragédie qui nous frappé à Paris en est la triste illustration. Le prédateur laisse également d’autres indices dans son sillage. Les connaître pour savoir le reconnaître permet d’anticiper beaucoup d’actes malveillants.
Le programme de profilage prédictif de la malveillance humaine d’APR DE FRANCE
L’anticipation étant le principe-clef de la protection rapprochée, APR de FRANCE a développé depuis maintenant deux ans un programme de profilage prédictif de la malveillance humaine. Ce programme a été intégré au cœur de la formation de nos agents. Cette discipline intègre, entre autres, des connaissances issues des dernières avancées en psychologie, en psychanalyse, en psychologie comportementale, en sociologie, en ethnologie et en psychiatrie. Nous nous inspirons également des travaux de criminologues et de comportementalistes, que nous adaptons aux besoins et aux cadres d’intervention de notre métier. Ces connaissances sont synthétisées au travers d’un savoir-faire directement utilisable au terme d’une formation de deux jours.
Cette formation, dont nous réservons l’accès aux seuls détenteurs d’une carte professionnelle de sécurité privée française, ainsi qu’aux membres des ministères de l’Intérieur et de la Défense, ne cesse de donner des résultats concrets sur le terrain. Elle devient un pilier du développement de notre profession. En permettant d’anticiper une grande majorité d’actes malveillants, dépendants entre autre de la professionnalisation du malveillant et de son niveau de compétence dans la malfaisance, le profilage prédictif replace en effet le travail de l’APR en amont de l’acte hostile. Il donne à l’agent ce temps d’avance sur le prédateur qui est la clef de notre mission de protection.
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– Publié par EEPR (Yannick CAYET), le 18 novembre 2015
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