Les psychopathologies dans le contre-ciblage
Le contre-ciblage, ou profilage prédictif de la malveillance humaine, est une discipline essentielle à la lutte contre la malveillance. Le préfixe « contre » fait référence à une action contraire. Nous sommes dans l’anticipation (contre-surveillance, surveiller ceux qui nous surveillent ou contre-terrorisme, prévenir les actions terroristes ou encore contre-mesure….). Le préfixe « anti » renvoi plutôt au principe de réaction lorsque la probabilité du risque est engagée. On parle d’anti-surveillance, empêcher une surveillance ou anti-terrorisme, prendre des mesures contre une action terroriste. Dans le contre-ciblage, c’est bien l’anticipation qui nous intéresse. Le but est de détecter la présence d’une malveillance avant qu’elle ne nous impacte. De façon évidente, anticiper permet de réduire la probabilité des risques et leurs effets. C’est pourquoi une bonne technicité dans l’utilisation du contre-ciblage est importante en protection rapprochée et doit être correctement enseignée.
Mais, il est également intéressant de se prémunir des individus à risques non-malveillants qui peuvent surgir dans une mission de protection. Nous trouvons par exemple les porteurs de psychopathologies. Ces pathologies sont connues sous le nom de maladies mentales. Accessoirement, elles rentrent dans le cadre légal de l’atténuation de la responsabilité du 122-5 du code pénal. Les troubles de la personnalité ne sont pas, quant à eux, recensés comme maladies. On pourrait les appeler « déviances ». Ils ne rentrent généralement pas l’atténuation de responsabilité du 122-5.
En France, on estime à environ 30% de la population française, les gens qui ont eu au moins une fois dans leur vie un trouble psychique (soit près de 1 français sur 3)… Près d’1 français sur 20 souffre de troubles psychiques graves, susceptibles d’entraîner des comportements auto ou hétéro-agressifs. Ces pourcentages statistiques augmentent considérablement si l’on parle de la population d’individus qui portent le risque d’une agression ou d’une attaque. Ce sont ceux-la même que nous sommes susceptibles de rencontrer.
Pathologie et trouble de la personnalité
La maladie mentale la plus courante est la dépression (3ime maladie la plus répandue dans le monde !). Cette névrose est susceptible d’impacter directement la personnalité que l’on protège (le risque majeur de cette maladie étant le suicide). Les psychoses quant à elles, peuvent impacter n’importe qui (certes, en général dans le cercle de connaissance de l’agresseur). Il s’agit de gestes souvent non prémédités et sans signes annonciateurs évidents. En tous cas pour celles et ceux qui n’ont pas été formé à les repérer.
Les troubles de la personnalité quant à eux, font référence à une autre catégorie de désordres psychiques dans laquelle on peut parler la plupart du temps de malveillance. Le comportement de ces déviants s’apparente le plus souvent à celui du prédateur (pervers sexuels ou narcissiques par exemple). Au même titre qu’un terroriste passant à l’acte, ils sont quasiment invisibles et particulièrement difficiles à repérer. Le contre-ciblage permet d’aller plus loin qu’une simple analyse comportementale qui serait, dans ce cas précis, totalement inefficace. Pour s’en convaincre, il suffit de visionner la vidéo de l’attaque à Orly le mois dernier…
Psychopathologies et contre-ciblage
L’intérêt de l’étude des psychopathologies de notre module « profilage prédictif de la malveillance humaine » est double. D’une part, on, y apprend les conduites à tenir dans le cas de la décompensation d’un individu en interaction avec le dispositif de protection. Mais il apporte aussi des outils de négociation sur la perte de contrôle d’une personne dite « normale » lors du passage à l’acte agressif. De surcroît, cette science nous donne de précieux éléments pour construire alors notre gestion de conflit une fois les hostilités déclarées.
En bref, la grille de lecture que nous offrent les psychopathologies permet de mieux comprendre les menaces malveillantes ou non-malveillantes que l’on est susceptible de rencontrer sur le terrain. Cette analyse apporte également des éléments concernant le comportement de la Personnalité que l’on protège (exemple le plus connu, le suicide de Mr Bérégovoy). Cela permet notamment de la protéger contre elle-même ce qui est, ne l’oublions pas, l’une des missions du garde du corps.
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– Publié par EEPR (Yannick CAYET), le 19 Avril 2017
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