Protection rapprochée : intégrer les catastrophes naturelles dans l’évaluation des risques
Un Agent de Protection Rapprochée (APR) n’a rien d’un chien de défense, collant son maître au pied, prêt à bondir au moindre bruit suspect. Le cœur de sa mission est toujours « dans l’avant ». Avant que l’Hostile n’entre en action, avant qu’il ne soit trop tard. La préparation d’une mission, l’évaluation des risques et menaces pèsent sur le Principal. Finalement l’évitement de la confrontation sont les clefs de la réussite dans notre métier.
Mais parmi les risques, il y a en a un qui est notoirement sous-estimé par les agents opérant en métropole. Ce sont les catastrophes naturelles. Non pas que nos opérateurs nationaux ne fassent pas leur travail de préparation correctement. Mais l’Hexagone reste relativement épargné par les brutales colères de la Nature. Contrairement à d’autres pays, comme les Etats-Unis ou le Japon, les populations sont elles-mêmes plus sensibilisées au problème des inondations, tremblements de terre, cyclones…
Affronter « Mère Nature » ne réclame pas exactement les mêmes compétences qu’affronter un criminel.
Les réflexes sont assez équivalents à toute réaction à un acte hostile particulièrement violent : mettre à l’abri le Principal. Il faut veiller à assurer sa propre sûreté, prévenir et alerter pour obtenir de l’aide, exécuter le cas échéant les gestes de premiers secours. Mais le contexte change sérieusement la donne.
Garder le contact avec son Principal et ses coéquipiers sera bien entendu le premier challenge. Quand la violence d’une vague de tsunami emporte dans son flot les voitures comme les toits des maisons, rester groupé devient une mission impossible.
Et puis, il y aura surtout l’après-choc.
A l’instar des zones de guerre, une zone sinistrée par une catastrophe naturelle va souvent exiger une réponse dans le long-terme. On ne sort pas de la zone sinistrée aussi rapidement que l’on ne s’extraie d’une embuscade criminelle en plein Paris. Il n’y a pas de « safe heaven » à proximité. Le retour à la normale prendra beaucoup, beaucoup plus de temps. C’est d’autant plus vrai si toute une région est paralysée par un désastre naturel et que les services de secours sont débordés. Le concept de « premiers secours » n’existe soudain plus, car les « seconds secours » mettront peut-être plusieurs jours pour intervenir…
C’est là qu’un peu de débrouillardise et quelques techniques de «survivalisme» peuvent faire la différence entre vivre et mourir… Réussir à s’orienter, sans GPS et sans boussole. Savoir lire le terrain pour éviter le sur-accident. Pouvoir se construire un abri de fortune avec ce que l’on trouve sur place pour attendre les secours sans risquer l’hypothermie. Etre capable de recueillir de l’eau potable pour éviter la déshydratation fatale…
Cette rusticité n’est pas toujours innée
Notamment dans nos sociétés confortables où prédominent les « urbains secteur tertiaire ». Elle peut s’apprendre cependant : les stages de survie foisonnent, les sites internet d’information pullulent sur le sujet, l’outdoor a envahi nos magasins de sport. On peut désormais s’équiper très facilement (couvertures de survie, paracord, couteaux multifonctions, purificateurs d’eau…).
Reste que, comme toujours, c’est dans la préparation de la mission que tout se jouera. La composante géographique, l’étude du terrain et les données météos doivent toujours être prises en compte, quelle que soit la zone où l’on opère. Certaines destinations exotiques et particulièrement sensibles invitent naturellement à la prudence. Mais les récentes inondations à Cannes nous le rappellent : la Nature frappe partout… et également chez la jet-set.
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– Publié par EEPR (Yannick CAYET), le 16 mars 2016
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Image: Tsunami au Japon, 2011, source anonymeHaut du formulaire
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